17.78 % de chômeurs à Genève en 2018
(4,4 % annoncés par l’OCE)
Surpris ou pas vraiment ? Nous le savions tous, à différents niveaux de perception, que les chiffres publiés par l’OCE ne reflètent pas la réalité. Même au sein du service de la cohésion sociale de l’état de Genève, on concède qu’il s’agit d’un « mensonge » lorsque ce sujet est abordé.
Nous avons effectué un travail conséquent sur plusieurs mois pour mettre à jour tous les mécanismes qui ont permis ces 20 dernières années à nos autorités de basculer dans un déni qui ne cesse de s’amplifier. Plusieurs des membres de notre association apolitique, « LoveAge », travaillent au sein d’institutions sociales de réinsertion professionnelle. Cela nous a permis d’identifier diverses populations écartées de la statistique.
La première chose évidente que nous pouvons affirmer ; « Les publications de l’OCE ne doivent plus être prises comme indice de référence. Elles ne représentent au mieux qu’un tiers du nombre de demandeurs d’emploi à Genève.
Nous n’allons pas entrer dans le débat de la statistique OCE versus BIT, c’est un sujet souvent débattu par les médias qui occupe inutilement les esprits, car la vérité à rechercher ne se trouve pas dans les chiffres de l’Office Cantonal de l’Emploi ni du Bureau International du Travail, elle se trouve sur le terrain.
Identifions ensemble, comment l’état est parvenu au fil des années à cacher à la population genevoise cette vérité désastreuse du marché de l’emploi.
Redonner le titre de chômeur aux personnes sans emploi
La définition la plus générique que l’on puisse trouver d’un chômeur est « Un travailleur, une travailleuse qui se trouve involontairement privé(e) d’emploi (demandeur d’emploi). »
En 1991, l’OCSTAT publiait ses statistiques d’une manière plus honnête.
Dans le document n°92 : « L’enquête suisse sur la population active de 1991 : quelques résultats pour le canton de Genève », on y découvre l’information la plus intéressante en page 4.
« Est considérée comme chômeur toute personne âgée d’au moins 15 ans qui n’exerce aucune activité rémunérée, qui recherche activement un emploi et qui est à même de travailler, indépendamment du fait d’être inscrite ou non auprès d’un office de l’emploi ».
La méthode de calcul de 1991 considérait comme chômeurs toutes les personnes inscrites à l’OCE, mais également celles demandeuses d’emploi non-inscrites à l’OCE !
Aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’OCE se permet de choisir qui est chômeur ou non. Il exclut les demandeurs d’emploi non-inscrits auprès de leur office, mais également certains de leurs bénéficiaires en les catégorisant de demandeurs d’emploi non-chômeurs.
Parlons de la population active
Dans son rapport sur la « population résidante selon divers caractères en 2018 », l’OCSTAT nous donne 3 informations importantes à retenir :
- La population active genevoise est pourvue d’un effectif de 238’986 personnes
- La population inactive genevoise est pourvue d’un effectif de 149’558 personnes
- En toute logique, la population résidante selon ces critères est de 388’545 personnes
Au sein de cette population active, l’OCSTAT nous apprend que Genève en 2018, compte un effectif de 25’357 personnes sans emploi qui sont définies comme : les personnes sans activité professionnelle et à la recherche d’un emploi.
Sans autre forme de procès, on peut donc établir un premier taux de chômage officiel pour Genève en 2018 :
- (25’357 / 238’986) * 100 = 10.61 %
Si l’OCE n’utilise plus la même méthode de calcul qu’en 1991, c’est pour éviter d’annoncer en 2018 ce taux de chômage officiel à Genève.
Les personnes en sous-emploi qui cherchent du travail sont ignorées.
L’OFS a réalisé une étude détaillée pour la Suisse sur le sous-emploi en 2018 : « Enquête suisse sur la population active (ESPA) Indicateurs complémentaires au chômage : sous-emploi et force de travail potentielle supplémentaire en 2018 ».
Le taux de sous-emploi moyen représente 7 % de la population active. Une personne en sous-emploi est définie comme un travailleur à temps partiel disponible pour travailler davantage.
Extrapolé à la situation genevoise, un nouveau calcul s’impose donc :
- 25’357 demandeurs d’emploi + 16’432 personnes en sous-emploi, sur 238’986 de population active révisée nous donne 17.49 % de chômeurs à Genève.
Par ailleurs, de nombreuses questions subsistent sur la composition de la population active si l’on veut s’assurer que toutes les catégories ne sont pas demandeuses d’emploi. À cet effet, nous avons ôté symboliquement les 3’670 apprentis de la population active. Comment peut-on justifier méthodologiquement qu’un chômeur soit comparé à un apprenti ? La logique voudrait qu’une personne demandeuse d’emploi soit comparée à une personne non-demandeuse, sous-entendu qui vit de son activité, qui occupe un poste que le chômeur pourrait potentiellement convoiter.
En ramenant la population active à 235’316 personnes, nous arrivons à un taux de chômeurs à Genève qui équivaut à 17.78 %. La différence est minime vis-à-vis des 17.49 % précédemment cité, il s’agit davantage d’ouvrir un débat sur les aspects méthodologiquement discutables de la méthode de calcul. Ce sujet est traité plus en profondeur dans l’article disponible en ligne sur le site de l’association.
Extrait vidéo de la conférence de presse au sujet de Genève Économie
Le 15 octobre 2020, l’association LoveAge a tenu une conférence de presse au Grütli, à Genève, afin d’aborder quelques-unes de ses initiatives dont celle-ci. Samuel Manelli y présente les chiffres publiés par l’OCE concernant le pourcentage de chômeurs à Genève.